dimanche 3 janvier 2010

Régressions et crépuscule

La littérature du XIXème me l’a fait sentir dans les veines, les couloirs du métro me le rappellent chaque jour : l’amour est une affaire de possession. Et tandis que les vampires s’étreignent dangereusement sous l’œil des adolescentes, je pense à mon amant et à la manière dont il me possède chaque nuit et chaque seconde que le soleil décline.

L’amour est noir et dangereux, je m’en souvenais : aimer c’est d’abord déraisonner sans explications. Mais pourquoi l’expliquer, c’est presque de l’égoïsme quand je crie son nom à le déchirer sur les murs...
Les vieilles passions me hantent comme des fantômes. Je comprends l’image du vampire : l’homme que j’aime est un survenant, et quand je me mords à ses lèvres je ne suis plus moi-même.
Il est en moi à jamais, dormant au creux de mon ventre, caché, furtif et lâche – dans ces moments je l’ignore presque. Mais dès que ma raison s’éteint le voilà brusque, dans son habit d’escarmouches grises, qui jaillit du néant et s’agrippe à mes pieds de tous ses ongles. Et dans son habit il m’emmène, vers des endroits où je me fonds en lui.
Le survenant est un homme interdit qui me tient interdite entre ses bras. Sa main grave dans mes cheveux à genoux, voilà le secret de sa beauté sombre. Et ses mots crus. Tout en lui ne sera jamais qu’allées et venues, contre mon corps et mes pensées, du lit à la fenêtre.

Mon survenant s’évanouit quand le jour se lève. J’aime le regarder s’éloigner, et je meurs un peu, la main sur la fenêtre vaporeuse, en souvenir du parfum de sa main souillant mes cheveux.

Le crépuscule m’a rejetée à l’adolescence sans raison.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire